page mise à jour le 12 juillet 2010

Les photos du Monument aux Morts et du Mausolée des Rabbanim, situés dans la partie basse, ne sont pas représentatives de l’état général du cimetière de Saint-Eugène-Bologhine.

Qu'on ne s'y trompe pas, le dernier cimetière juif d'Alger est meurtri, dévasté même en de nombreux endroits. Sa partie haute offre une vision effroyable : en de très nombreux endroits les sépultures sont brisées et souillées, et beaucoup de tombes ont disparu à jamais.

Les tombes de la partie basse (vers l'entrée principale) sont pour la plupart intactes même si les herbes hautes et les arbustes envahissent plusieurs carrés. Les sépultures qui se trouvent à l'extrémité nord du cimetière sont toutefois en mauvais état : plusieurs sont brisées et enfouies sous des ronces épaisses.

Les intempéries et le vandalisme sont responsables de la dégradation très importante des tombes du haut du cimetière (carrés 41 et suivants). Quelques unes ont été réparées mais le béton les recouvre entièrement et en a caché les noms. Les pierres tombales disparaissent et, comble de l’horreur,  des sépultures des enfants il ne reste que des fragments de marbre épars.

Et la dégradation du cimetière se poursuit. Le Mausolée des Rabbins du Midrach, ossuaire des anciens Grands Rabbins d'Alger des XVIIe et XVIIIe siècles, a été plusieurs fois profané. Entre juin 2007 et juin 2009 il a été couvert de tags et la sépulture du grand rabbin Mimoun Yaffil (décédé en 1727) a été ouverte. Plus récemment, entre juin 2009 et avril 2010, les sépultures de quatre Grands Rabbins ont été ouvertes et les stèles de cinq autres ont été arrachées et cassées.

Certes des réparations et des actions de préservation sont entreprises de temps en temps par la Wilaya d'Alger et certaines associations. Il faut les en féliciter. Elles n'ont cependant fait jusqu'à présent que ralentir un peu la rapide dégradation du cimetière.

Ce site ne sera pas la vitrine de la dévastation du cimetière de Saint-Eugène.
Au contraire, nous nous efforcerons d'y maintenir un esprit de dignité par respect pour la mémoire de ceux qui sont restés dans cette terre algéroise. Le rappel de leurs noms, les photos de leurs tombes (lorsque cela est possible) et leurs portraits (si les familles acceptent de les communiquer) seront notre façon de montrer que nous ne les avons pas oubliés.

Jean-Paul Durand